Dans le cadre d'un recrutement on ne parle que d’expérience, de séniorité. Les recruteurs cherchent toujours le meilleur candidat. Dans le processus d'embauche, les futurs collaborateurs se retrouvent finalement à entendre ce genre de discours :
«On pense que tu es le meilleur pour ce poste, on a besoin de toi»
Cela peut paraître naturel et légitime auprès d’un confirmé ou d’un senior mais sembler moins cohérent pour un junior qui aura toujours une crainte de faire des erreurs.
Attention au syndrôme de l'imposteur ou à l'inverse à l'effet Dunning Kruger
Les entreprises qui cherchent à recruter un junior ont bien conscience de ce qu’elles pourraient gagner et aussi apporter à ce type de profil.
Elles ont bien connaissance de cette relation WIN <–> WIN qui existe.
Les profils juniors sont des diamants bruts qui ne manquent qu’à être polis.
Eclairer ces juniors, les révéler, leur faire comprendre qu’ils ont tout autant à apporter qu’un profil plus agguéri font parti de ces responsabilités.
En tant que leader, quoi de plus appréciable que de voir un padawan monter en puissance, en assurance et finalement sortir de ce statut de tutoré.
Il est important de bien avoir conscience que la peur de l’erreur est le premier vecteur de complexe pour un junior.
Accepter de faire des erreurs et rendre l’échec banal sont deux choses bien distinctes:
“L'erreur est humaine” est une expression qui laisse suggérer une certaine passivité, une certaine nature humaine qui peut donner une excuse à nos échecs.
Si on interprète cette expression, on peut y comprendre une tournure plus active : l’intelligence face à l’erreur.
L’expérience c'est tout simplement l’appréhension et l’anticipation des erreurs.
Si j'apprends à faire du vélo, il faut que j'arrive à convertir ma peur de tomber en une envie d'avancer qui m'empêchera de perdre l'équilibre.
Quelque part, c’est à force de me tromper que j’apprends à corriger mes erreurs avant même de les commettre.
Dans le sport, il faut s’entrainer avant de disputer des compétitions.
En cas d'échec en compétition, il faut se préparer davantage et donc répéter des situations qui vont faire de nous des athlètes qui n'occultent pas les erreurs mais qui les repousse en tirant des leçons de ces échecs.
L'idée est d'avoir la même approche dans la vie professionnelle.
Quand un junior intègre une équipe, il arrive avec un certain bagage : formation, expérience personnelle, veille, etc.
C’est avec ce bagage qu’il va continuer de constituer son expérience.
L’expérience n’est pas qu’une question d’années dans une entreprise, de lignes sur un CV, c’est bien plus.
En tant que collaborateur, il faut avoir conscience de notre valeur ajoutée et savoir exactement ce qu’on va apporter à notre entreprise.
La première cause d’échec pour un junior, c’est la peur de l’erreur !
«J’ai peur de me tromper alors je n’ai pas osé proposer de meilleure solution à ce problème»
«Je suis junior donc je n’ai pas la légitimé de m’exprimer»
«Vous sembler avoir beaucoup d'expérience, bien plus que moi, donc je préfère m'effacer»
Ces situations laissent suggérer qu’un junior va avoir du mal à se sortir de sa condition de tutoré. En réalité leur premières expériences devraient être de vrais tremplins.
L'expérience se construit, elle ne se constitue pas toute seule avec le temps.
Savoir utiliser ses connaissances et son expérience (même si elle est limitée) pour apporter des solutions.
Même si une idée peut sembler absurde, son expression ouvre un échange et crée un débat, qui permettra de mieux comprendre et d'en appréhender la problématique.
Montrer son envie de progresser, s'impliquer pour avancer et “faire parler sa fougue”.
La peur de l’erreur ne fait qu’inhiber. Inhiber un junior ne fera de lui qu’un “pion”, qu’une ressource capable de produire sans réfléchir…
Pourtant c'est l’inverse qu’on attend d'un junior.
En tant que leader, il est de notre responsabilité de le mettre dans les meilleures dispositions, de le placer dans un cadre de confiance et non de jugement.
Si le leader se rend compte que le collaborateur junior ne se remet pas en question et ne tire pas de leçon de ses erreurs, il doit créer ce climat de confiance, d’échange et de prise de recul.
Il existe différents outils pour faciliter cela : échanges réguliers, rétrospective, mood tracker, etc.
«Ne soit pas frustré de ton erreur, qu’est ce qui a fait selon toi, que tu as échoué sur cet aspect ?»
Il faut aussi être capable de fournir une méthodologie, un cadre pour éviter les comportements volatiles ou réactionnaires.
«On a besoin que tu réfléchisses avant de te lancer directement dans le code, prends du recul, découpe tes tâches, testes au fur et à mesure, prends ton temps, on peut t’accompagner».
La première solution à laquelle on pense n’est généralement pas la plus appropriée, du moins en tant que junior.
On a vraiment besoin d’un minimum d’anticipation.
Pour avoir cette anticipation sans expérience, il faut réfléchir, coucher ses idées sur papier, être force de proposition et ne pas hésiter à évoquer des solutions complètement décorrelées les unes des autres.
En somme, être un junior fait de vous un collaborateur à la progression la plus propice aux besoins de votre entreprise à un instant T.
Et si un junior échoue, c’est aussi l’échec de son leader, de son équipe et tout le monde en a bien conscience.
C'est pour cela qu'on travaille en équipe.
Les succès sont l'affaire de tous, les échecs aussi.
Si une erreur est commise, il ne faut pas y chercher une responsabilité individuelle, il vaut mieux trouver une solution qui permettra d'anticiper.
Se décomplexer, apporter la réelle valeur ajoutée qu’implique sa présence dans l’équipe est la clé de la progression du junior.
Pour réussir, il n’y a pas qu’une recette, mais il y a des ingrédients clés : confiance, estime de soi, remise en question, intelligence émotionnelle, audace.
Le sentiment de peur est normal mais surtout utile, il permet d'appréhender plus efficacement les problématiques qui nous inquiète.
Autant exploiter cette peur pour n'en tirer que des aspects positifs :
Enfin, si malgré ça, j'ai toujours peur de l'erreur, c'est que je n'ai pas assez cadré ou préparé mon sujet, il est donc utile d'approfondir cette préparation.
Un merci à Bernard Flavien, coach en développement personnel, dont vous pouvez retrouver une conférence sur l'intelligence émotionnelle en entreprise qui m'a beaucoup aidé à appréhender ce sujet. Un énorme merci aussi à mes collègues depuis 2008, notamment chez The Net Group et chez Dalenys qui m'ont permis de mieux comprendre la situation de Junior que l'on a tous vécu.
Je terminerai sur une petite réflexion de mon ami Patrick Marques (IT Project Manager) sur une situation en France que l'on ne connait que trop bien :
On est et on a tendance à rester toujours des juniors :